Bonjour Monsieur le Ministre. Vous étiez Ministre chargé des relations avec les Institutions aux temps forts de la crise politique de 2014 et 2015. L’organisation des élections étaient hypothéquée par des divergences au sein de la Classe politique d’une part et entre les structures impliquées dans l’organisation pratique de ces élections d’autre part. Dans la période, on vous a vu souvent aux côtés du président du Conseil Economique et Social. Quel a été le rôle joué par cette institution dans le dénouement de cette crise ?

GUSTAVE SONON : A ma prise de fonction en août 2014 au Ministère chargé des relations avec les Institutions, j’ai hérité d’une situation de blocage par rapport à l’organisation des élections. On accusait déjà à l’époque un an de retard pour les élections communales et locales. En plus, l’échéance des élections législatives n’était plus loin non plus. Il y avait aussi cette décision de la Cour constitutionnelle qui conditionnait la tenue de tout scrutin à la disponibilité de la liste électorale permanente informatisée. Pour sortir de l’impasse qui se profilait à l’horizon, il fallait que les différents acteurs impliqués dans le processus se parlent, ceci conformément aux dispositions du nouveau code électoral promulgué en 2013. Autrement dit, il nous fallait un dialogue politique. Il nous fallait également trouver les voies et moyens pour finaliser au plus tôt la Lépi. Le Président de la République Dr Boni YAYI a alors réuni tous les Présidents d’Institutions. C’est à la suite de cela qu’un petit comité de suivi des activités du Cos Lépi est mis en place. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y avait cette crise entre le Ministère de l’économie et des finances et le Cos Lépi au sujet du financement de la Lépi. Donc à ce titre, le Conseil Economique et Social a été sollicité. Cette institution de la République, de part ses attributions, joue aussi un rôle de facilitateur et travaille à la promotion du dialogue à travers la médiation. Il faut avouer que c’est à travers son Président Augustin Tabé GBIAN que nous sommes parvenus au dénouement de la crise qu’on traversait.

Grâce à son management et sa force de négociation, nous sommes effectivement parvenus à une première entente dans la nalisation de la Lépi. C’est un témoignage que je tiens à faire. Vous savez, si notre conférence nationale de Février 1990 a été un succès, c’était bien grâce à Monseigneur Isidore De SOUZA et c’était à l’honneur de l’église catholique. C’est de la même manière que le Conseil Economique et Social a été déterminant dans l’aboutissement heureux du dialogue ayant conduit aux élections communales et municipales, législatives et ensuite présidentielles. Les gens ne pouvaient pas savoir tout ce qu’il a eu comme tractations et négociations. Si nous avons eu des élections, si l’alternance au pouvoir a été effective, c’est grâce à la médiation du Conseil Economique et Social et ça, effectivement seuls ceux qui étaient dans les secrets des coulisses pour l’organisation des dernières élections aussi bien communales que législatives pouvaient savoir.

Du haut de votre expérience à la tête du Ministère chargé des relations avec les institutions, dites-nous l’appréciation que vous faites de façon globale de l’institution même et de son fonctionnement ?

Ceux qui pensent que le Conseil Economique et Social est une institution budgétivore ont certainement peu d’informations ou alors des idées erronées. Le Conseil économique et social formule des conseils. Et c’est à juste titre qu’il travaille dans l’ombre. Ses avis, certes, ne sauraient donc s’imposer à celui à qui il les formule, mais sont importants. C’est en effet la seule institution qui compte en son sein les représentants de toutes les couches socio- professionnelles du pays. C’est parce que la constitution le limite dans un rôle de conseiller qu’on ne la sent pas beaucoup contrairement à l’Assemblée nationale par exemple. Mais attention, et je le répète, ce n’est pas parce que le grand public n’a pas les échos de leur travail qu’il faut supposer que les membres du Conseil Economique et Social ne font rien. Bien au contraire. Je pense que s’il y a quelque chose à faire à l’endroit du Conseil Economique et Social, c’est de le renforcer.

Quel usage le gouvernement auquel vous apparteniez faisait des avis du Conseil Economique et Social ?

Ministre chargé des relations avec les Institutions que j’étais en 2014 et 2015, je me suis fortement appuyé sur le Conseil Economique et Social, notamment dans la résolution de la crise du nancement des élections et de la mise à disposition de la lépi par le Cos Lépi. Et ça, je viens de vous l’expliquer. C’est dire que les avis du CES sont d’une importance qu’on n’a pas besoin de démontrer davantage.

Ensuite de façon générale, les avis du CES sont transmis au Président de la République qui en fait usage. Pour le gouvernement, ces avis constituent la voix du peuple, l’expression de la volonté du peuple. Ce qui est à savoir aussi est que ces avis, une fois parvenus au Chef de l’Etat, lui servent forcément d’orientation dans ses choix. Car ce qui est évident lorsque vous entendez les conseils de quelqu’un, est que tout naturellement, vous en tenez compte d’une manière ou d’une autre.

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